Ce matin on plie vite, il nous reste quelque 230 km pour rejoindre Longue Pointe de Mingan. Nous devons nous y rendre pour 14:30. Nous avons réservé auprès des Parcs Canada une nuit en camping sur l’Ile Nue. Il y a 2 emplacements et une toilette sèche pour toutes commodités.
Sur la route, nous nous arrêtons à Sept-Iles, juste le temps de faire un plein et de prendre un café à l’emporter ( Je récupérerais mon autocollant au retour de la Minganie).
Vers 11h, nous arrivons aux Chutes du Manitou, nous nous renseignons sur le sentier pour savoir si nous avons le temps de le faire avant de nous rendre à Longue Pointe de Mingan. Renseignement pris, nous décidons plutôt de continuer et de nous arrêter au retour pour ne pas trop courir mais nous ne repartons pas les mains vides: nous collectons 4 autocollants ! (Chutes Manitou, Rivière au Tonnerre, Rivière St Jean et Longue Pointe de Mingan).
Nous entrons dans Longue Pointe de Mingan vers midi, nous arrivons directement devant une cantine et les bureaux de Parc Canada ou nous devons nous acquitter des droit d’entrée du Parc. Après une petite hésitation, nous allons au bureau du Parc. Lorsque nous arrivons, nous indiquons que l’on vient payer nos droits pour camper. Ils nous disent que justement ils parlaient de nous car malgré le beau temps, le vent se lève et il est possible que notre séjour soit compromis … On nous demande quelle compagnie nous amène sur l’Ile. Ils appellent tout de suite pour se renseigner, la compagnie semble pouvoir maintenir le trajet si nous nous y rendons vite. On paie notre accès au Parc, on nous briefe sur les règles dans le Parc, on nous donne un sac poubelle avec le numéro d’urgence des Parcs du Canada en cas d’accident grave ou de tempête. On nous explique qu ´il y a maintenant un abri près du débarcadère et à 1,2 km du camping et que nous pouvons l’ utiliser si une tempête se lève, il y a un poêle et une caisse de premiers secours. Nous devons prévenir si nous utilisons le matériel. Nous devons laisser nos informations bancaires si jamais le bateau ne peut pas nous récupérer le lendemain, mais seulement le jour d’après pour nous facturer une nuit supplémentaire. Nous devons prévoir de l’eau pour 2 jours entre 6 et 8 litres.
Nous commandons à manger en vitesse et pendant qu’Alexis attend les commandes, je me presse de réorganiser les affaires dont nous avons besoin alors que nous devions avoir le temps car initialement la traversée devait se faire dans 2 h 30 . A présent, on part dès qu’on est prêts car la houle monte. Nous devions initialement faire l’ Ile au Perroquet avec un groupe puis être déposés à l’Ile nue, mais vu le temps ça sera Ile nue aujourd’hui et Iles au Perroquet demain.
Le trajet se passe bien, ça tape et ça vente mais y a un beau gros soleil. On arrive sur l’Ile et nous sommes accueillis par Mathieu- interprète des Parcs Canada- les interprètes sont des médiateurs qui font des présentations dans les parcs, ce sont souvent mais pas nécessairement des étudiants en biologie.
Nous arrivons vers 13:30 et les derniers groupes de visiteurs sont déjà partis. Il y a des visites avec escale d’1 ou 2 heures sur l’Ile Nue mais elles repartent toutes vers 1h. Matthieu est donc seul sur l’Ile jusqu’à ce que le bateau de Parcs Canada vienne le chercher vers 15h ( on le dépose vers 9:30 les interprètes, changent d’ile tous les 2 -3 jours). Nous posons nos gilets de sauvetage dans l’abri à tempête et les bagages le temps que Mathieu nous fasse un bout de son interprétation.
L’Ile Nue a un périmètre de 8 km, le sentier est principalement sur le littoral, tout l’intérieur de l’île est couvert d’une toundra -végétation très basse que l’on retrouve habituellement en haute montagne ou au delà du 51 eme parallèle (l’archipel de Mingan est au 50 eme). Il n’y a pas de sentier dans les terres pour ne pas abîmer cette végétation sauf à 2 -3 endroits où des sentiers ont été créés pour contourner des lieux de nidification des sternes et de linicols. Contrairement au reste de la région, les îles Mingan ne sont pas en granit mais en calcaire. Elles ont été des sédiments de coquillages que la glaciation a tassé pour former une roche sédimentaire par l’action du gel puis du temps, des monolithes se sont créés, les parties les plus dures restant et les plus fragiles s’effritant : des personnages de pierre et des table de pique-nique se sont créés. On retrouve sur les patières de nombreuses espèces marines- algues et coquillages et des fossiles. Et on peut y apercevoir l’Ile aux Perroquets qui peut faire penser à un paquebot dans la brume.



Après ses explications, nous reprenons notre barda et nous mettons en route pour le camping à 1,2 km. N’ayant pas pris de gros sacs de randonnée faute de place il n’est pas aisé de porter nos affaires pour la nuit même si nous les avons réduit au maximum car il nous faut des affaires chaudes pour la nuit sur l’Ile et prévoir eau et nourriture pour deux jours. L’emplacement de camping est paradisiaque. Il comprend le nécessaire :un coin pour faire un feu, pour manger , l’espace pour dormir est délimités par des petits troncs en bois flotté, et des toilettes sèches non loin. Nous pouvons faire un feu sur les parties de la plage qui seront immergées par les marées. Le feu de camp est une tradition majeure du camping québécois. Nous montons la tente, admirons un peu la vue du camping. Puis nous nous mettons en marche pour le tour de l’île, le cheminement se faisant sur le littoral , dans les cailloux, il est indiqué de compter entre 4 et 6 h. Nous partons vers 15h30 en direction du sud. Nous arrivons sur la Montagnaise ( nom d’une tribu autochtone) c’est le plus grand monolithe de l’île , il fait près de 10 m.
Tout au long de la balade nous avons pu observer de nombreuses espèces d’oiseaux : linicoles, sternes, différentes espèces de goëlands, des cormorans et un fou de Bassan. La mer agitée ne rend pas propice l’observation des cétacés d’autant qu’apparemment ils ne sont pas venus en nombre. Cet hiver il y a eu moins de neige donc les nutriments apportés par les rivières à la fonte des neiges ont été plus faibles.






Nous passons prêt de l’ilôt qui a a été utilisé par les basques dans les années 1500. Ils venaient ici avant la « découverte » par Jaques Cartier. Ils avaient installé des fours basques pour transformer la graisse de baleine fraîche en huile.
Puis nous arrivons au Havre, une magnifique baie, un endroit magique.
Nous arrivons à une nouvelle zone de monolithes, il y en a grosso modo 3 ( au niveau de la Montagnaise au quart sud est, les 2 autre sont à l’ouest après le havre et l’autre au nord juste à côté du débarcadère.
Quelques uns de ces monolithe ont une forme de table, il y a des photos du début du XXème où l’on y voit des messes se tenir utilisant les monolithe pour autel, ou des pique-niques.

C’est la fin de journée et nous cherchons l’endroit idéal pour admirer le coucher de soleil comme nous l’a conseillé Mathieu. C’est la golden hour la marée est remontante, nous rejoignons l’embarcadère à nouveau en attendant le coucher du soleil, nous nous promenons dans les monolithes qui avec les ombres et la lumière dorée nous offrent un spectacle magnifique. Nous nous rendons compte que nous risquons d’être un peu pris par la marée remontante, une partie du sentier sera peut- être immergé. Nous positionnons quelques pierres plates pour nous créer un passage et nous retournons à notre poste pour admirer le soleil se coucher entre 2 monolithes qui encadrent l’ile aux perroquets et le soleil. Une fois le soleil couché, nous nous hâtons et passons tout juste à pied sec, il s’en est fallu de peu!






Nous rentrons au camping, je fais un feu avec des bois flottés ramassés sur la plage comme nous ont indiqué les gardiens du parc et Alexis prépare un taboulé . Nous regardons les étoiles se lever petit à petit, puis le ciel se couvre, nous attendons que les dernières cendres se consument et nous allons nous coucher: un repos bien mérité !

